Les économies préhistoriques dans les domaines insulaires de la façade Manche/Atlantique de la France, de la fin du Mésolithique au début de l’âge du Bronze

Lorena AUDOUARD (Docteur, Université de Rennes 1, CReAAH - UMR 6566)

Thèse soutenue en octobre 2014 à l’Université de Rennes I, sous la direction de M.-Y. DAIRE (CNRS, CReAAH - UMR 6566), G. MARCHAND (CNRS, CReAAH - UMR 6566)

Mots-clés : Ouest de la France, Îles Bretonnes, Industries Lithiques, Néolithique, Bronze ancien, Échange Île-Continent, Particularismes Insulaires.

1. Les industries lithiques insulaires : problématiques et méthodologie

Le sujet de cette thèse est d’aborder le fonctionnement économique des premières sociétés agro-pastorales dans les domaines insulaires de la façade Manche/Atlantique de la France, de la fin du Mésolithique au début de l’âge du Bronze. Le cadre géographique s’étend de l’archipel des Sept-Îles au nord jusqu’à l’île de Houat au sud de la péninsule bretonne.

Les ressources des îles, à la fois limitées (surface exploitable réduite, gestion cynégétique complexe) et diversifiées (ressources terrestres et maritimes) ont-elles entraîné une adaptation des modes de vie ? Les populations ont-elles subi leur environnement ou ont-elles dépassé les contraintes grâce à un dynamisme de contacts et d’échanges ?

Ces questionnements sont abordés par le biais des informations fournies par l’industrie lithique de plusieurs sites insulaires (Le Douet à Hoëdic - Morbihan ; Donnant à Belle-Île-en-Mer - Morbihan ; Beg ar Loued à Molène - Finistère), dont les modalités d’approvisionnements en matières premières et les caractéristiques sont systématiquement comparées aux données disponibles sur les proches sites continentaux. Cette approche permet de cerner l’existence ou non de particularismes insulaires, puis de mesurer le degré d’insertion des populations îliennes au sein des réseaux d’échanges à longue distance de matières premières, du début du Néolithique au début de l’âge du Bronze.

L’ensemble de ces informations est remis en perspective avec les données fournies par d’autres productions matérielles (le mobilier céramique notamment), permettant d’avoir la vision la plus complète possible à ce jour des populations insulaires bretonnes de la fin du Mésolithique au début de l’âge du Bronze.

2. Le Campaniforme et l’âge du Bronze sur les îles bretonnes : quelques résultats

Les témoignages du Campaniforme sont assez minces sur les îles bretonnes, hormis le site majeur qu’est l’habitat de Beg ar Loued sur l’île de Molène (Pailler et al., 2011). Ces indices minces nous semblent plus résulter d’un état de la recherche qu’une réelle baisse de l’occupation des îles bretonnes au Campaniforme.

Au Bronze ancien une nouvelle phase de l’habitat de Beg ar Loued à Molène est connue, qui reprend en partie les plans de l’occupation Campaniforme précédente. Des architectures funéraires de type coffre en pierre, typologiquement du Bronze ancien, sont référencées sur plusieurs îles bretonnes. 

L’examen de l’industrie lithique de la phase Campaniforme et de la phase Bronze ancien du site de Beg ar Loued nous a permis de constater que les objectifs de débitage, les techniques employées et les catégories dominantes d’outils reconnues sont similaires à ceux qui sont observés sur les occupations continentales contemporaines. Aucun particularisme insulaire ne se dégage de notre analyse. Ce fait est à remettre dans une perspective diachronique, en effet les îles bretonnes ne manifestent pas de particularismes culturels de la fin du Mésolithique au début de l’âge du Bronze.

3. Insularité et îles bretonnes

La thèse s’ouvre sur un chapitre de comparaisons destiné à interroger le degré d’insularité des îles bretonnes au regard des situations observées au sein d’autres systèmes insulaires à l’échelle de l’Europe. Les îles de la façade bretonne se singularisent par l’absence de particularismes insulaires, alors que des spécificités sont mises en valeur sur les îles anglo-normandes, les îles Scilly ou encore à Malte.

Du début du Néolithique au début de l’âge du Bronze, les îliens et les habitants de la côte bretonne devaient se considérer comme faisant partie d’une même communauté des « gens de la mer », pour paraphraser P. Rainbird (Rainbird, 2007). Le train d’union entre ces populations serait alors l’étendue maritime, zone de forte mobilité, et les îles seraient comprises mentalement dans un même territoire que la bande côtière continentale.

 

Bibliographie

Pailler Y., Stephan P., Gandois H., Nicolas C., Sparfel Y., Tresset A., Donnart K., Fichaut B., Suanez S., Dupont C., Le Clezio L., Marcoux N., Pineau A., Salanova L., Sellami F., Debue K., Josselin J. et Dietschsellami M.-F., Évolution des paysages et occupation humaine en mer d’Iroise (Finistère, Bretagne) du Néolithique à l’Âge du Bronze, Norois, 220- 3, 2011, p. 39-68.

Rainbird P.,The archaeology of islands, Cambridge University Press, (New-York, 2007).