De la richesse pour les dieux… et pour la reproduction sociale. Les dépôts non funéraires de l’âge du Bronze en Europe

Hélène BLITTE (Doctorante, Université Paris 1, Trajectoires - UMR 8215)

Thèse soutenue en juillet 2015 à l’Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, sous la direction de P. BRUN (Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne, ArScan - UMR 7041) et F. BERTEMES (MLU Halle-Wittenberg, IKARE)

Mots-clés : Âge du Bronze, Dépôt, Trouvailles isolées, Analyse spatiale, Ouest de la France, Massif armoricain, Centre de la France, Seuil de Bourgogne, Europe centrale, Carpates Occidentales, Europe septentrionnale, Danemark, Allemagne, Mittelelbe-Saale-Gebiet.

Cette thèse porte sur le phénomène des dépôts non funéraires de l’âge du Bronze européen et s’articule autour de deux axes, une approche statistique et une approche spatiale, afin de mieux cerner la très grande variabilité chronologique et géographique de cette pratique. Il s’agit de réaliser une synthèse sur ce sujet à l’échelle de l’Europe et de l’ensemble de l’âge du Bronze. Cinq zones-échantillons ont été sélectionnées : les Carpates orientales (Slovaquie, nord-est de la Hongrie), le Mittelelbe-Saale-Gebiet (Allemagne centrale), le Danemark, le seuil de Bourgogne (Suisse, France orientale et sud du Bade-Wurtemberg) et le Massif armoricain élargi (Bretagne, Basse-Normandie et Pays de la Loire). Ces zones appartiennent à différents complexes culturels et sont riches en dépôts non funéraires pluriels et singuliers (nommés souvent « trouvailles isolées »). L’inventaire constitué dans le cadre de ce travail regroupe 5475 ensembles : 1873 dépôts pluriels et 3602 dépôts singuliers. Aucun dépôt singulier n’a cependant pu être pris en compte pour les Carpates orientales, en raison de l’absence d’inventaire de ce type de vestige.

L’analyse statistique des données, réalisée sur un corpus de 4331 dépôts bien datés, porte sur plusieurs aspects, tels que l’évolution de la pratique dans le temps, leur milieu d’abandon, la composition des ensembles (simple/complexe, homogène/mixte), leur taille, leur poids (pour 3 zones d’étude) et leur fragmentation. Le recours à des matrices de Bertin et à la création de box-plots permet notamment de mieux percevoir l’évolution de la taille des dépôts (certaine stabilité) et de leur taux de fragmentation dans le temps (phénomène marginal), d’observer la complexification progressive de leur composition ou encore de mettre en évidence les modalités de dépôt privilégiées dans chaque zone (catégorie fonctionnelle par période, par milieu).

La mise en place d’un SIG permet d’observer les éventuelles dynamiques spatio-temporelles de la pratique au sein de chaque région. Des cartes de répartitions renvoyant aux analyses statistiques effectuées ont été créées, complétées par plusieurs statistiques spatiales exploratoires, nécessaires à l’appréhension spatiale des données. Plusieurs méthodes ont été retenues, telles que la méthode des barycentres et de leurs ellipses standards de déviation, la méthode des noyaux pour étudier la densité du phénomène et la réalisation de cartes de stabilité (méthode proposée par le groupe de travail Archaedyn).

La dernière étape de ce travail consiste enfin à remettre en perspective les résultats obtenus dans leur contexte régional et social. L’objectif étant ainsi de proposer de nouvelles pistes d’étude à explorer, telles que par exemple une comparaison avec des données funéraires, un parallèle avec les pratiques des Hittites ou encore une référence à la composition numérique des ensembles, pour appréhender de manière globale cette pratique complexe.