Temps, espaces, dynamique de peuplement : La fin du Néolithique provençal
Agnès CARAGLIO (Doctorante, Université Aix-Marseille, LaMPEA - UMR 7269)
Thèse soutenue en novembre 2015 à l’Université Aix-Marseille, sous la direction de M. BAILLY et A. D’ANNA (CNRS, LaMPEA - UMR 7269)
Mots-clés : Sud-est de la France, Analyse spatiale, Néolithique, Campaniforme, Bronze ancien.
L’espace provençal du IIIe millénaire avant notre ère laisse entrevoir un certain nombre d’éléments qui mettent en scène la complexité archéologique de la transition Néolithique final/Bronze ancien. En Provence, si le travail de J. Cauliez a ouvert la voie a un cadre chronoculturel plus robuste et tissé une trame plus diversifiée des composantes céramiques de la fin du Néolithique, il n’en demeure pas moins que l’imbrication de l’évènement campaniforme avec les différentes traditions locales se pose toujours comme un problème majeur, notamment en termes stratigraphiques, dans la compréhension des gisements domestiques de cette période (Cauliez, 2009 ; 2011).
En ce qui concerne le Campaniforme justement – phénomène intrigant, mais qu’il est nécessaire de démythifier pour lui donner une place plus légitime – malgré la renommée de sa céramique en contexte sépulcral, il se retrouve de manière abondante dans les habitats de la fin du Néolithique de Provence (Lemercier, 2002). L’analyse des différents types de mobiliers archéologiques liés à ces contextes requiert à notre sens une étude complémentaire fondée sur les logiques d’implantation des sites d’habitat dans le paysage (habitats à occupations multiples ou fréquentations plus sporadiques) afin de mieux saisir l’ensemble des mécanismes socioculturels émergeant à l’aube du Bronze ancien. En effet, au milieu des années 90, A. D’Anna (1995) avait identifié une implantation particulière des populations campaniformes provençales sur des « établissements d’accès mal aisé » ou « de second choix », par rapport à celle des populations locales. Cette hypothèse a été, par la suite, légèrement nuancée par O. Lemercier (2002) à la faveur des nouvelles découvertes offertes par la construction du TGV Méditerranée.
Ces constats appellent à plusieurs questionnements : pouvons-nous déceler une évolution dans les choix d’implantation des habitats à la fin du 3ème millénaire avant notre ère dans le sud-est de la France ? Ces choix sont-ils similaires pour les sites à céramiques campaniformes et pour les sites de tradition locale (Néolithique final ou Bronze ancien) ?
Notre travail de thèse repose donc sur la réalisation d’une base de données relationnelle sous Access et se propose de répondre à ces problématiques grâce à la mise en place d’un Système d’Informations Géographiques sous ArcGis 10, permettant de générer de nouvelles informations spatiales sur les 457 sites géoréférencés de notre corpus. Ainsi, après une analyse statistique exploratoire des données archéologiques issues de la littérature, il a été possible de caractériser les implantations de chacun des gisements étudiés en fonction, par exemple, de l’unité paysagère, de la géologie, de l’altitude ou encore du type de relief et de dégager des tendances principales dans les choix d’installation des établissements au cours du IIIe millénaire avant notre ère. Parallèlement et pour affiner les résultats obtenus à l’échelle de la région PACA, nous avons choisi de compléter notre travail par une étude plus locale, centrée sur la zone du Luberon (Vaucluse). Cela a été l’occasion, en complément des paramètres déjà pris en compte, de mettre en évidence des récurrences quant à l’accès aux diverses ressources (sources et cours d’eau, matières siliceuses, fertilité actuelle des sols) ou aux sites cérémoniels de la période.
Bibliographie :
Cauliez J., Espaces culturels et espaces stylistiques au Néolithique final dans le Sud Est de la France : dynamiques de formation et d’évolution des productions céramiques, Thèse de Doctorat, Université Aix-Marseille I (Aix-en-Provence, 2009).
Cauliez J., Restitution des aires culturelles au Néolithique final dans le Sud-Est de la France, Gallia Préhistoire, 53, 2011, p. 85-202.
D’Anna A., Le Néolithique final en Provence. In : Voruz J.-L. (dir.), Chronologies néolithiques, Société préhistorique rhodanienne (Ambérieu-en-Bugey, 1995), p. 265-286.
Lemercier O., Le Campaniforme dans le sud-est de la France : de l’Archéologie à l’Histoire du troisième millénaire avant notre ère, Université Aix-Marseille I, Thèse de Doctorat (Aix-en-Provence, 2002).