Analyse spatiale des dépôts métalliques de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer en Normandie

Damien DUTOIS (Université de Rennes 1, CReAAH - UMR 6566)

Master 2 en cours (2015) à l’Université de Rennes 1, sous la direction de C. MARCIGNY (INRAP Grand Ouest/CReAAH - UMR 6566)

Mots-clés : Âge du Bronze, Premier âge du Fer, Analyse spatiale, Dépôt, Ouest de la France, Normandie, Objets métalliques

Ce travail de recherche, réalisé dans le cadre de mémoires de masters 1 et 2, a débuté par un inventaire des objets métalliques de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer provenant de Basse et de Haute-Normandie, ainsi que de leur contexte d’enfouissement. Un important corpus de dépôts ayant livré du mobilier métallique a ainsi pu être rassemblé au sein d’un SIG, auquel les sites d’habitat et les contextes funéraires sont ensuite venus s’ajouter. La finalité de ces analyses spatiales était à la fois de tenter de déterminer les règles régissant l’implantation et la constitution des dépôts, et de s’appuyer sur ces sites pour parfaire notre connaissance de l’âge du Bronze normand.

La pratique des dépôts est effective dès le début de l’âge du Bronze en Normandie. Elle connait une forte croissance au cours du Bronze moyen, associée à l’émergence de productions locales, et finit par disparaitre vers la fin du VIe siècle av. J.-C. Au cours de cette période, l’ensemble de la zone d’étude n’a pas été concerné de la même manière par ce phénomène. Les premiers objets métalliques ont été retrouvés plutôt dans les régions du littoral nord, ou encore le long de la Seine et de ses affluents. Par la suite, le début des productions normandes conduit à une plus large diffusion des dépôts et à la démarcation de zones de concentration de dépôts et/ou de mobilier. Il a été mis en évidence que la quantité de mobilier déposé n’est pas toujours en lien avec le nombre de dépôts, ce qui a amené à des hypothèses autour des pratiques de déposition. La vallée de la Seine se positionne comme la zone la plus dense en dépôts, et rassemble une grande quantité d’objets. Puis au cours du Bronze final, des changements importants vont s’amorcer dans la répartition des sites et du mobilier pour s’établir durablement au début du premier âge du Fer. Les dépôts et le mobilier vont principalement se concentrer sur l’ouest de la Normandie, notamment dans la Manche. La plaine de Caen et la Seine demeurent des zones de dépôt importantes à la fin de l’âge du Bronze puis s’effacent avec l’âge du Fer. La Seine a fait l’objet d’une étude plus précise : tout au long de l’âge du Bronze, la zone de méandre entre Bardouville et Rouen s’impose comme un point de concentration du mobilier. Le long du fleuve, les sites en milieu aquatique ont également une répartition qui se différencie des sites terrestres.

Les études sur l’implantation des sites ont montré les problèmes dus à l’imprécision de la localisation des dépôts. L’étude sur l’ensemble de la Normandie s’est vue complétée par les études locales de la vallée de la Seine et de la plaine de Caen. Le réseau hydrographique n’est pas plus déterminant dans l’implantation des dépôts que pour les autres sites de l’âge du Bronze. Les sites de déposition sont présents dans tous les types de relief, mais majoritairement dans les milieux de pente et rarement sur les plateaux et dans les vallées, lieux privilégiés pour l’implantation des sites d’habitat et funéraires. Les bas de pente rassemblent aussi un bon nombre de sites de tous contextes. Plusieurs hypothèses ont pu être proposées à partir de ce constat : l’implantation des dépôts se fait après l’habitat, dans des zones inadaptées aux grandes installations, ou dans des lieux choisis spécifiquement pour leur caractère isolé.

L’étude des dépôts normands a donc permis d’aborder la Protohistoire de cette région ainsi que de proposer plusieurs hypothèses au sujet des dépôts. La comparaison avec les autres types de sites contemporains n’a été ici qu’une ébauche, et pourrait se révéler très utile avec, à la fois, l’intégration des nouvelles découvertes et une multiplication des échelles d’étude.