Les dépôts de Ribécourt-Dreslincourt (Oise)

Samuel GUÉRIN, coordinateur du projet (Responsable d’opérations, INRAP Centre/Ile-de-France, HALMA-IPEL - UMR 8164, CNRS, Lille 3, MCC)

Etude pluridisciplinaire

Participants : B. Armbruster, J.-C. Blanchet, L. Boutoille, C. du Gardin, V. Girard, B. Gratuze, M. Mélin, M. Nordez, N. Saedlou, C. Véber.

Mots-clés : Bronze moyen, Dépôt, Ouest de la France, Ribécourt-Dreslincourt, Objets métalliques, Métallurgie, Typologie, Technologie, parures, ambre, disque en or, verre, tracéologie.

En 2011, trois nouveaux dépôts sont découverts à Ribécourt-Dreslincourt, au lieu-dit « Les Arcs », dans l’Oise. Dès leur mise au jour, les dépôts F28-F29 font l’objet d’un premier examen in situ, tandis que le dépôt F36 est fouillé et démonté en laboratoire1. Ces interventions préalables ont permis d’apporter un premier ensemble de résultats et des pistes de réflexion (Michel, 2013). La même année, une fouille étant prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Picardie, de nouvelles recherches sont alors entreprises2. Bien qu’encore inachevées, nous proposons de faire le point sur les études déjà engagées et celles à venir.

À ce jour, une partie des artefacts en bronze (haches, poignard, torques, épingle et collerettes d’épingle, spires) ainsi que la remise en contexte géographique et chronologique de cet ensemble remarquable ont été traitées par S. Guérin, avec la contribution de J.-C. Blanchet. En outre, le reste du mobilier archéologique est passé entre les mains de neuf autres spécialistes. On compte notamment plusieurs intervenants pour le dépôt F36. Le disque en or décoré qui en est issu a été examiné et documenté par Barbara Armbruster. À terme, son étude technologique détaillée permettra de restituer la chaîne opératoire de fabrication, ainsi que d’envisager les outils employés dans sa réalisation. Une approche comparative a également été entreprise avec les autres disques de l’âge du Bronze nordique et des îles Britanniques, afin de mettre en perspective les données archéologiques, typologiques, technologiques et symboliques. Enfin, l’analyse de composition élémentaire du disque a été menée au laboratoire IRAMAT.

1 Diagnostic archéologique réalisé par le Service Archéologique Départemental de l’Oise, placé sous la responsabilité d’Alexandre Michel (archéologue, Bureau du Patrimoine archéologique du Conseil général de Seine Saint Denis).

2 Fouille archéologique menée par l’INRAP Nord-Picardie et conduite par Samuel Guérin (archéologue, INRAP Centre/Ile-de- France) ; rapport final d’opération à paraître prochainement.
à Orléans.

Parmi les études déjà réalisées, peuvent être aussi mentionnées celles des perles en verre et en ambre. Toujours à l’IRAMAT, Bernard Gratuze a procédé à l’examen typochronologique d’une petite perle annulaire en verre, tandis que 23 autres perles en ambre sont passées sous la binoculaire de Colette du Gardin. Quant à l’identification de la provenance de l’ambre, des analyses de spectrométrie infrarouge ont été réalisées par l’équipe de Vincent Girard dans le cadre du « Projet ArchéoAmbre : Origine et devenir des ambres archéologiques français » dont il est le coordinateur. Pour terminer avec le dépôt F36, un petit élément organique découvert au contact du disque en or, d’abord identifié comme un morceau de bois, a fait l’objet d’un examen xylologique par Nima Saedlou. Or, celle-ci ayant déterminé qu’il s’agissait d’un fragment d’os, cet élément sera prochainement présenté à d’autres spécialistes afin de déterminer si cet ossement est humain ou animal, brûlé ou non, voire travaillé.

Outre l’attention portée par Linda Boutoille au marteau de métallurgiste, d’autres études sont prévues prochainement. Les 11 parures annulaires (bracelets et anneaux de chevilles), retrouvées dans les dépôts F28 et F36, passeront entre les mains de Marilou Nordez pour un examen typochronologique approfondi, sans oublier une observation minutieuse des décors et des traces d’usure, entre autres. Cet aspect de l’étude tracéologique sera également relayé par Muriel Mélin qui passera à la loupe le restant des artefacts en bronze, afin d’aborder au plus près la fonctionnalité de ces différents objets. La dernière phase d’étude envisagée concerne le métal et les techniques de fabrication : des analyses de composition de l’ensemble des pièces en bronze sont prévues, peut-être complétées par un examen métallographique pour certaines d’entre elles. Cette opération, placée sous la responsabilité de Cécile Véber, devrait permettre de compléter les observations techniques effectuées (macroscopiques et à la loupe binoculaire), ainsi que de répondre à certaines problématiques concernant le formage des objets. L’homogénéité des compositions à l’intérieur d’un dépôt et entre les dépôts pourra ainsi être mesurée, favorisant les hypothèses quant à leur constitution. Enfin, les résultats pourront être comparés avec d’autres ensembles contemporains (français ou européens), permettant ainsi de caractériser la tradition métallurgique à laquelle les objets de Ribécourt-Dreslincourt appartiennent, et de confronter ces conclusions à celles des études typologiques.

Jusqu’à présent, peu de dépôts de l’âge du Bronze moyen ont été examinés de manière exhaustive. Les études engagées sur l’ensemble des artefacts de Ribécourt-Dreslincourt, ainsi que leur remise en contexte, représentent en ce sens une opportunité non négligeable. L’engouement des divers spécialistes impliqués dans ce projet (INRAP, CNRS, universitaires) témoigne bien de son importance et de la nécessité de pousser aussi loin que possible les analyses de ces ensembles exceptionnels. La diffusion de leurs résultats reste la finalité de l’opération. Aussi, la transmission de ces nouvelles données pourra être dispensée par des articles connexes, ou bien lors de communications (journées d’étude, colloques, etc.), voire dans le cadre de certains travaux universitaires (thèse notamment). Enfin, la synthèse de l’ensemble de ces travaux et leur remise en contexte interviendront dans une publication spécifique restant encore à définir.

Bibliographie

Michel A., Lieu de dépôts multiples du Bronze moyen à Ribécourt-Dreslincourt (Oise), Bulletin de l’Association pour la Promotion des Recherches sur l’Age du Bronze, 11, 2013, p. 61-66.