La figuration anthropomorphe dans l’art rupestre préhistorique et protohistorique de la région du mont Bego (Tende, Alpes-Maritimes). Modalités du schématisme, cadres chrono-culturels et pluralité des sens

Jules MASSON MOUREY (Aix-Marseille Université – Laboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique – UMR 7269)

Master 2soutenu en juin 2016 à l’Université d’Aix-Marseille, sous la direction de M. BAILLY (CNRS, Laboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique – UMR 7269).

Mots-clés : Art rupestre, Anthropomorphes, Néolithique final, Bronze ancien, Bronze moyen, Bronze final, Âge du Fer, Iconographie, Chronologie, Milieu montagnard, Sud-est de la France.

Le site d’altitude du mont Bego, dans les Alpes-Maritimes (France), constitue la deuxième plus importante concentration de gravures rupestres préhistoriques et protohistoriques en Europe occidentale, après l’ensemble du Valcamonica-Valtellina en Lombardie (Italie). Parmi les 35 000 signes figuratifs actuellement répertoriés (essentiellement des corniformes, des figures géométriques et des armes), les anthropomorphes – qui n’avaient encore jamais fait l’objet d’une étude spécifique et exhaustive – représentent à peine plus de 1 %. Leur rôle est pourtant essentiel dans la plupart des tentatives d’interprétation symbolique des gravures (Lumley et Echassoux, 2011). 

Les données archéologiques et paléoécologiques ont révélé une présence humaine sur le site depuis le Néolithique ancien, et ses occupations successives s’intègrent assez bien dans le schéma plus général de la colonisation progressive des Alpes par les groupes humains préhistoriques et protohistoriques.
Nous avons d’abord contribué au débat autour de l’identification de l’anthropomorphe schématique dans l’art rupestre et des modalités de sa représentation au mont Bego. En outre, un inventaire illustré de tous les anthropomorphes du site a été établi. Une importante partie de notre étude est ensuite consacrée à la périodisation des figurations humaines. Au sein de la chronologie des autres gravures (Huet, 2012 ; Bianchi, 2013), où se situent les différents anthropomorphes ? Pour l’essentiel, leur réalisation paraît s’étendre entre le Néolithique final et l’âge du Bronze ancien. Enfin, nous avons abouti à l’introduction d’une réflexion ethnoarchéologique, à la fois autour des anthropomorphes : que représentent réellement ces images ? quelles sont leurs fonctions ? – mais aussi à propos des graveurs : qui sont-ils ? quels rapports entretiennent-ils avec les figurations humaines ? Les interprétations de l’imagerie préhistorique puisent fréquemment dans le répertoire mythologico-religieux. Les phénomènes socio-économiques qui la régissent également se révèlent d’une comparable complexité.

Bibliographie :
Bianchi N., Art rupestre en Europe occidentale : contexte archéologique et chronologique des gravures protohistoriques de la région du mont Bego. De la typologie des armes piquetées à l’étude des gravures schématiques-linéaires, Thèse de Doctorat, Université de Perpignan Via Domitia (2013).
Huet T., Organisation spatiale et sériation des gravures piquetées du mont Bego, Thèse de Doctorat, Université de Nice – Sophia-Antipolis (2012).
Lumley H. de, Echassoux A., Bianchi N., Le Breton G., Percic P., Romain O., Fauquembergue E., Fregier C., Guilard R., Magnaldi B., La montagne sacrée du Bego. Préoccupations économiques et mythes cosmogoniques des premiers peuples métallurgistes des Alpes méridionales. Proposition de lecture, Éditions du CNRS (Paris 2011).

Légende de l’illustration : Roche gravée dans le val de Fontanalba (cliché et DAO : J. Masson Mourey)