La représentation anthropomorphe comme marqueur culturel dans le Néolithique d’Europe méridionale
Jules MASSON MOUREY (Aix-Marseille Université – Laboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique – UMR 7269)
Thèse en cours, débutée en 2016 à l’Université d’Aix-Marseille, sous la direction de M. BAILLY (CNRS, Laboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique – UMR 7269)
Mots-clés : Anthropomorphes, Art rupestre, Décor céramique, Statuaire, Parure, Néolithique, Bronze ancien, Iconographie, Anthropologie, Péninsule ibérique, Midi méditerranéen, Péninsule italique, Péninsule balkanique.
Du VIIème au IIIème millénaire avant notre ère en Europe méridionale (d’ouest en est, de la Péninsule ibérique à la Péninsule balkanique), des bouleversements majeurs remodèlent successivement les communautés. Pour les premiers d’entre eux (sédentarisation et passage à une économie agro-pastorale), ces changements sont caractéristiques de la néolithisation (Childe 1949 ; Guilaine 1994), un phénomène qu’accompagnent l’augmentation des échanges sur de longues distances, la thésaurisation des biens de prestige ou encore l’avènement de la traction animale et de la métallurgie. Sur la base des innovations techniques ainsi que des productions céramiques, lithiques voire métallurgiques, les archéologues s’efforcent d’identifier des groupes culturels (Impressa, Vinča, VBQ etc.) et de mettre en évidence les processus à l’œuvre dans leur constitution, de même que les relations qu’ils entretiennent entre eux, dans le temps et dans l’espace. Plus rarement, les productions graphiques et plastiques entrent en jeu dans la définition de ces ensembles culturels. Les images du corps humain peuvent cependant être considérées comme de véritables marqueurs culturels, en ce qu’elles matérialisent l’auto-perception des communautés qui les produisent et qu’elles témoignent de la mise en œuvre de leur propre idéalisation (Mauss 1936 ; Godelier et Panoff 1998 ; Boëtsch et al. 2007). L’enjeu de cette thèse sera donc de déterminer le rôle des modalités et des conventions de la représentation anthropomorphe dans la construction, l’affirmation et la propagation des identités culturelles néolithiques. En cela, nous introduirons une réflexion neuve autour des espaces d’influence, des courants de diffusion et, par conséquent, de l’ancrage et de la perpétuation des traditions et des idéologies dans le Néolithique d’Europe méridionale.
Bibliographie :
Boëtsch G., Hervé C., Rozenberg J. (dir.), Corps normalisé, corps stigmatisé, corps racialisé, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur (2007).
Childe V.-G., L’aube de la civilisation européenne, 4ème éd. [1925] trad., Paris, Payot (1949).
Godelier M., Panoff M. (dir.), La production du corps. Approches anthropologiques et historiques, Amsterdam, Archives contemporaines (1998).
Guilaine J., La Mer partagée. La Méditerranée avant l’écriture, 7000-2000 avant J.-C., Paris, Hachette (1994).
Mauss M., Les techniques du corps, Journal de Psychologie, XXXII, ne, 3-4 (1936).
Figurine masculine en terre cuite de la nécropole de Cernavoda (Dobroudja, Roumanie), datée du Vème millénaire avant notre ère (© Musée national d’histoire roumaine, Bucarest).