La parure métallique de l’âge du Bronze moyen au début du Bronze final provenant de l’espace atlantique européen (1450-1150 av. J.-C.)
Marilou NORDEZ (Doctorante, Université de Toulouse - Jean Jaurès, TRACES - UMR 5608)
Thèse en cours (2015) débutée en 2012 à l’Université de Toulouse - Jean Jaurès, sous la direction de P.-Y. MILCENT (Université Toulouse - Jean Jaurès, TRACES - UMR 5608) et B. ARMBRUSTER (CNRS, TRACES - UMR 5608) - Tuteurs : S. BOULUD-GAZO (Université de Nantes, CReAAH - UMR 6566) et J. GOMEZ DE SOTO (CNRS, CReAAH - UMR 6566)
Mots-clés : Objets métalliques, Parure, Bracelets, Epingles, Torques, Bronze moyen, Bronze final, Décor, Technologie, Typologie, Chronologie, Ouest de la France.
Le présent doctorat, débuté en septembre 2012, s’intéresse aux objets de parure en alliage à base de cuivre datant de l’âge du Bronze moyen au début du Bronze final et provenant d’Europe atlantique, à savoir du sud des îles Britanniques au sud-ouest de l’Aquitaine et du littoral atlantique aux frontières belge, allemande et suisse.
Régulièrement citées de manière succincte dans les différents travaux régionaux sur l’âge du Bronze moyen, les parures n’ont jamais réellement fait l’objet d’une synthèse à grande échelle traitant simultanément des aspects typologiques, technologiques, chronologiques, fonctionnels, économiques, sociaux et symboliques, que ce type d’objets permet pourtant d’envisager précisément. Ces approches multiples paraissent indissociables afin de réellement comprendre les enjeux, les rôles et les mécanismes de production, d’utilisation, de diffusion et de dépôt de la parure de cette période.
En effet, de nombreux bracelets et anneaux de cheville sont produits et déposés entre la seconde partie du Bronze moyen et les prémices du Bronze final. Ce phénomène, généralisé dans les dépôts non funéraires d’Europe atlantique, n’est effectif que trois siècles tout au plus, et semble soumis à des normes locales et régionales bien définies. Quelques ensembles sépulcraux sont également connus, au sein desquels les autres formes de parures (épingles, colliers, torques, bagues, etc.) sont représentées, alors qu’elles sont peu nombreuses dans les dépôts. L’étude précise des contextes de découverte et modalités de déposition de ces objets, ainsi que du mobilier qui leur est associé, constitue l’un des axes fondamentaux de cette recherche.
Un autre réside dans l’établissement d’une typochronologie fine des objets de parure, contribuant non seulement à la compréhension des évolutions et des variations de leurs manifestations, mais aussi à la structuration et au classement des informations. L’analyse détaillée des morphologies et des décors a déjà permis la définition de certaines normes générales et de leurs variables, ainsi que de modes régionales ou microrégionales. Bien qu’encore partiels, les résultats obtenus jusqu’ici confirment l’intuition selon laquelle les objets de parure sont d’excellents marqueurs chronoculturels, aboutissant potentiellement à une restitution du paysage concernant la parure protohistorique, à travers la détection de groupes de production et/ou de déposition, de zones de contact et des mécanismes d’échange.
Un autre aspect essentiel, indissociable des précédents, sera traité au cours de la préparation de ce doctorat, à savoir les modes de fabrication des parures, dont dépend directement leur morphologie. Les objets ne peuvent être réellement compris qu’en les replaçant au sein d’une chaîne opératoire complexe, qui s’étend de l’approvisionnement en matières premières à leur état actuel. La dimension technologique permettra ainsi de confirmer et de préciser les groupes chronoculturels précédemment évoqués.
La parure constitue un champ d’études particulier du fait de sa fonction, qui touche davantage aux domaines du symbolique et de l’esthétique que du purement utilitaire. Cette dimension singulière implique de s’interroger sur la place et l’emploi des bijoux et ornements corporels au sein des sociétés de l’âge du Bronze. Les motivations de la production de parures métalliques sont nombreuses et souvent multiples : objets du quotidien ou de cérémonie, porteurs de valeurs rituelles ou votives, esthétisme, mobilier d’accompagnement des défunts, marqueurs sociaux ou ethniques exhibant une appartenance à une tribu, un groupe de sexe ou d’âge, une position hiérarchique, une situation de vie, etc. Un simple objet peut donc être doté de significations sociales et symboliques fortes, qui sont propres au groupe qui le produit et l’utilise. La dimension fonctionnelle des éléments de parure constitue également l’un des aspects motivant cette recherche.
À terme, l’objectif sera donc de présenter une analyse complète des objets de parure du Bronze moyen et du début du Bronze final, afin de permettre une meilleure compréhension des mécanismes socioculturels et du schème technique global des populations de cette période.