Variabilité des traditions techniques et réseaux d’échanges : production et diffusion de la céramique au centre-ouest de l’Europe, du Xe au VIIIe s. av. J.-C.

Marie PHILIPPE (Doctorante, Université de Bourgogne, ArTeHiS - UMR 6298)

Thèse en cours (2015), débutée en 2012 à l’Université de Bourgogne, sous la direction de S. WIRTH (Université de Bourgogne, ArTeHis - UMR 6298) et S. MANEM (University College London)

Mots-clés : Céramique, Poterie, Bronze final, Technologie, Traditions, Production, Techniques de façonnage, Chaîne opératoire, Est de la France, Allemagne, Vallée du Rhin.

Dès le Xe siècle av. J.-C., le fossé rhénan est un des passages privilégiés des réseaux d’échanges européens. Ces relations perçues via la production métallurgique et de prestige s’affirment au centre du continent, présageant les futurs axes commerciaux hallstattiens. Si de nombreux travaux sont centrés sur ce domaine, ces réseaux concernent cependant une minorité d’individus impliqués au sein des populations. La nature même de ces réseaux, les mécanismes sous-jacents de leur mise en place et leur impact au sein des groupes sociaux régionaux restent à déterminer. En d’autres termes, observe-t-on au-delà des grands réseaux d’échanges interculturels des interactions fondamentales et à plus courte distance entre les groupes sociaux impliqués dans ces zones de passage ?

La céramique est un artisanat « populaire » qui permet de toucher une grande partie des individus, de la sphère domestique au funéraire. L’anthropologie des techniques montre par ailleurs un lien intime entre tradition céramique et groupes sociaux, de sorte que chaque étape de la chaîne opératoire de fabrication des céramiques peut varier selon des considérations culturelles, communautaires ou familiales. L’analyse en cours des chaînes opératoires de façonnage et de finition des céramiques de la zone rhénane a pour objectif de répondre aux questions posées à partir de l’identification des groupes sociaux présents et de la nature des processus de transmission et d’interactions. L’évolution des comportements techniques et les possibles transferts interculturels seront déterminés par la modélisation des filières d’apprentissage selon une approche novatrice basée sur les principes de la phylogénétique.

Un corpus a été constitué à partir d’assemblages céramiques de 26 habitats et de 6 nécropoles issus des deux côtés du Rhin, représentatifs du Bronze final IIIa et IIIb, bien datés et conservés. Parmi eux figurent en particulier les sites de hauteur de Burkheim Burgberg (Dehn, 1988) et Leutenheim Hexenberg (Lasserre, 2011) , ainsi que les tumuli d’Ihringen/Gündlingen Löhbucke (Struck, 1985). L’identification des chaînes opératoires de façonnage des céramiques est principalement réalisée par une observation des macrotraces présentes en surface et en section des poteries. Les techniques et méthodes de façonnage et de finition sont systématiquement enregistrées et illustrées pour chaque partie du récipient.

La conclusion de l’étude est prévue pour fin 2015 ou début 2016.

Bibliographie

Dehn R., Zum Fortgang der Grabungen in der urnenfelderzeitlichen Höhensiedlung auf dem Burgberg bei Burkheim, Gemeinde Vogtsburg, Kreis Breisgau-Hochschwarzwald, Archäologische Ausgrabungen in Baden-Württemberg, 1988, p. 58-62.

Lassere M., Vigreux T., Basoge F., Logel T., Putelat O., Schneider N., Michler M., Jodry F., Boës X., Le site de la fin du Bronze final du Hexenberg à Leutenheim (Bas-Rhin) : études sur le paléoenvironnement rhénan et études archéologiques. Résultats préliminaires, Bulletin de la Société Préhistorique Française, 108, 4, 2011, p. 731-754.

Struck W., Die Totenstadt bei Ihringen, Archäologische Nachrichten aus Baden, 34, 1985, p. 6-15.