Des dernières sociétés agropastorales néolithiques aux premières sociétés d’artisans métallurgistes : productions lithiques du quart nord-ouest de la France (IIIe- IIe millénaire av. n.-è.)
Lolita ROUSSEAU (Doctorante, Université de Nantes, LARA, UMR 6566)
Thèse soutenue en octobre 2015 sous la direction de Serge CASSEN (dir.) et Jean-Noël GUYODO (co-dir.).
Mots-clés : Industrie lithique, Néolithique final, Campaniforme, Bronze ancien, Bronze moyen, âge du Bronze, pierre, débitage, outillage, typologie, technologie, Ouest de la France.
La thèse en cours traite des assemblages lithiques d’une période charnière : le passage de la Préhistoire à la Protohistoire, qui s’amorce durant la seconde moitié du IIIe millénaire av. n.‑è. Sujet d’étude privilégié des préhistoriens, mais correspondant ici à une période qui n’est pas la leur, ces productions ont longtemps été délaissées par les chercheurs en raison de leur ambivalence, jusqu’à laisser penser qu’elles auraient cessé d’être produites à l’aube de la métallurgie. Or, depuis quelques années, il est admis que la pierre a continué d’être utilisée à l’âge du Bronze et l’intérêt pour ces productions lithiques « récentes » est grandissant, comme en témoignent plusieurs travaux universitaires abordant ces thématiques. Cependant, de nombreuses lacunes sont encore attestées, notamment dans le quart nord-ouest de la France, alors que le phénomène y est largement représenté.
Ce propos pose évidemment plusieurs interrogations, certaines intrinsèquement liées aux études mêmes des productions lithiques, d’autres s’intégrant au centre de la compréhension des mécanismes socio et chrono-culturels de cette période de transition.
Il s’agira tout d’abord d’appréhender les modalités d’approvisionnement et de gestion des ressources. Une partie de l’aire géographique considérée est localisée sur le Massif armoricain, où le silex est peu abondant et souvent issu de blocs ou de galets de faibles dimensions et de mauvaise qualité ; alors qu’une seconde partie est implantée sur des bassins sédimentaires plus prompts à livrer des ressources siliceuses de bonne qualité clastique. La prise en compte d’une si vaste zone permettra d’aborder les variables liées à des environnements géographiquement et géologiquement différents, afin d’observer s’il existe un déterminisme environnemental par l’accès ou non aux ressources, tout comme les choix techno-économiques éventuels qui peuvent en découler.
En outre, les assemblages lithiques devront être caractérisés d’un point de vue typologique, mais aussi technologique, afin de préciser les économies de débitage, de transformation et de consommation de ces sociétés, ainsi que de cerner une partie des activités pratiquées, des besoins fonctionnels, des contraintes et/ou attentes culturelles, auxquels l’étude du mobilier lithique tentera de répondre.
On tentera également d’aborder la place de l’acteur (dans le sens de celui qui agit sur la matière) et de la pierre dans ces sociétés nouvellement et progressivement tournées vers de nouveaux matériaux (cuivre, puis bronze). Cela permettra d’établir si l’usage technique de ce matériau est encore largement ancré dans les habitudes ou bien s’il s’est marginalisé, tout en observant les différentes modalités impliquant la disparition progressive ou non des productions lithiques au cours de l’âge du Bronze.
Enfin, une étude comparative, entre les caractéristiques mises en évidence dans le cadre de cette thèse et celles établies d’après les différents travaux disponibles, s’efforcera de mettre en lumière les variabilités ou similitudes observables au sein de ces productions, ainsi que d’appréhender les liens qu’entretiennent les différentes sociétés de la fin du Néolithique et du début de l’âge du Bronze.